II. Les solutions pour vivre en restant sourd.
1. La surdité comme un frein dans la vie.
Il est important de distinguer la surdité congénitale de la surdité acquise à l’âge adulte.
La surdité congénitale complète va priver l’individu de la perception des sons, élément aidant au développement psychomoteur.
Ainsi, on peut observer des retards d’acquisition de la marche chez les enfants sourds. La surdité gêne les apprentissages par absence de bagage verbal acquis naturellement par le petit enfant au contact de son entourage. Il fallut attendre le XVIIIème siècle pour qu’un enseignement public destiné aux sourds soit créé. Ce fut une initiative de l'Abbé de l’Épée et les instituts de jeunes sourds existants aujourd'hui découlent de son héritage.
Il faut aussi noter que des courants défavorables à l'éducation des sourds ont été à l’œuvre, avec en particulier le congrès de Milan de 1880 qui privilégia la méthode orale pure aux signes. La langue des signes fut proscrite pendant 100 ans et il fallut attendre la loi du 11 février 2005 pour qu’elle soit reconnue comme une langue à part entière.
Qu’elle soit présente dès la naissance où acquise, l’une des principales conséquences de la perte d’audition concerne la faculté de communiquer avec les autres. C'est l’enjeu central pour amoindrir le handicap entraîné par la déficience auditive. La surdité entraîne un risque de solitude, de retard de socialisation, d’exclusion du monde du travail, et peut favoriser le repli dans la communauté des sourds. Elle entraîne aussi des problèmes de sécurité, par l’absence de repérage aux alertes sonores. La perte d’audition et les maladies de l’oreille telles que l’otite moyenne peuvent avoir des effets très préjudiciables sur les résultats scolaires des enfants.
2. L’hyper modernité au service des sourds
Nous avons pris le parti de ne pas parler des moyens tels que la Langue des Signes qu'ont les sourds de s'exprimer, afin de nous intéresser plus particulièrement aux avantages qu'apporte le monde technologique et numérique actuel à ces derniers.
Lorsqu’on offre aux personnes atteintes de déficience auditive la possibilité de communiquer, elles peuvent participer aux échanges. La révolution numérique a changé le quotidien des sourds avec l’utilisation des sms, la téléphonie mobile avec webcam, la visio conférence, le service d’interprète à distance, les outils utilisant la langue des signes (LSF). La diffusion de l’apprentissage de la Langue des Signes (LSF pour la langue des signes française) s'est accrue avec l'apparition d'Internet, facilitant ainsi l'accès aux moyens d'expression directe.
« Je vois comme je pourrais entendre. Mes yeux sont mes oreilles. J'écris comme je peux signer. Mes mains sont bilingues. »Emmanuelle Laborit
La déficience auditive peut être compensée par des aides techniques : réveil clignotant le matin ou vibrant, signaux lumineux pour la sonnette de porte d’entrée ou d’alarme, sous titrage de plus en plus fréquent dans les programmes télévisés...
Il existe également des systèmes de boucle magnétique reliée aux prothèses auditives et implants cochléaires, permettant d'envoyer une bande son à un implant cochléaire en effectuant un lien de type Bluetooth avec le processeur.
Ces systèmes ont un fonctionnement basé autour d'un microphone-émetteur captant le son à un endroit ou relié directement à un appareil électronique, ainsi que d'un récepteur pouvant soit soit s'accrocher à l'implant ou autour du cou de l'utilisateur, soit intégré directement à l'implant selon les marques , les modèles et les conditions d'utilisation.
Bien que concurrentes, les entreprises productrices d'implants cochléaires utilisent un language commun dans le codage des sons par les boucles magnétiques de ce type, afin de permettre aux implantés d'ne profiter autant qu'il est possible.

Schéma de fonctionnement d'un système d'écoute Home-Cinema avec collier magnétique (autour du cou)

Photographie de l'émetteur et du collier magnétique récepteur montrés sur le schéma précédent

Schéma de présentation d'un système d'écoute à boucle magnétique comportant un microphone-émetteur portatif
L’ensemble des aides et outils permet à l'individu sourd de choisir la compensation du handicap qu’il estime la meilleure pour lui. Certaines personnes atteintes de déficience auditive ne souhaitent pas être appareillées, d’autres choisissent des dispositifs tels que les appareils auditifs, et les implants cochléaires.
3. Opter pour l'implant
Chez un enfant, la décision d’implantation cochléaire est prise par les parents. En revanche si l’enfant à atteint une certaine maturité, son avis doit être pris en compte car l’implantation est faite afin que l'implant soit valorisé constamment et utilisé correctement. Lors de notre interview de Mme Petroff, Médecin ORL, cette dernière nous confiait que certains enfants trop jeunes pour donner leur avis ou ayant des troubles mentaux ont jeté leur appareil ou l’utilisaient uniquement devant leurs parents et l’enlevaient en leur absence.
La prise de conscience et le dialogue avec le médecin sont donc très importants avant l’implantation à la fois pour les parents et pour les enfants. Le taux de refus reste donc assez important et est souvent dû aux inconvénients de l'implant dans la vie quotidienne (gène lors des IRM à cause de la partie magnétique interne, activités prohibées...).
4. Associations et services d'aide pour les sourds
Dans leur vie quotidienne, les sourds peuvent faire appel à des groupements comme la FNSF (Fédération Nationale des Sourds en France) et les nombreuses associations comme L’Association Régionale pour l’Intégration des Sourds.
Ces associations ont pour but d'offrir un accompagnement des sourds dans leur quotidien. Ils peuvent aussi s’adresser à la Maison Départementale des Personnes Handicapées qui étudie le besoin de la personne et aide à la compensation du handicap.
pour conclure :
L'accompagnement au quotidien des personnes atteintes de surdité ainsi que les moyens de communications qui leur sont donnés s'améliorent avec le temps, et les technologies actuelles amènent des possibilités auparavant inenvisageables.
La perte d'audition est devenue un problème de santé publique, et les campagnes de prévention et de sensibilisation, notamment par Santé Publique France, sont toujours trop peu fréquentes, bien que cette fréquence augmente.
Dans le milieu professionnel notamment, une prévention primaire des lésions liées au bruit s'installe de plus en plus souvent, avec des mesures de prévention (encoffrage des machines bruyantes, pose de structures anti-bruit ou port d’équipements individuels de protection).